Catherine Lienard
15 sept. 2021
Lors des préparations de mes projets, ma frénésie et mon excitation me font penser à l'attente (entre les parutions) puis à la délectation que j'avais à me plonger dans la saga fleuve "La Tour Sombre" de Stephen King. Tout au long de ces plus de 4000 pages, je suis devenue familière avec Roland de Gilead et ses compagnons, ses ennemis, sa quête. Tourner la dernière page de chaque tome me laissait envahie de l'histoire que je venais de lire (vivre?), et impatiente de lire la suite (dont il fallait que j'attende qu'elle soit écrite puis publiée). La dernière page du dernier tome m'a laissée à la fois triste et heureuse, heureuse de ma rencontre avec ces personnages qui m'ont accompagnée durant plusieurs années, et triste de devoir les quitter.
Chaque sentier parcouru tend à me provoquer ce type d'émotions: à la fois le plaisir de l'effort accompli, la tête emplie des paysages que je viens de traverser, éventuellement le soulagement d'arriver quand la journée a été rude, mais aussi, en fin de journée, et encore plus à l'arrivée finale, une pointe de tristesse, car le sentier parcouru est un sentier révolu.
Marcher seule amplifie toutes ces émotions: je me sens entrer en phase avec la nature environnante, non pas comme un retour au primitif, mais plutôt comme si le sentier devenait, le temps d'une journée, ou d'un trek surtout, un compagnon de route que je rencontre, découvre, apprends à aimer (ou à détester parfois), jusqu'à ce que nos chemins se séparent.
Créer un nouveau tracé est comme créer un nouveau chapitre de mon histoire de marcheuse. D'ailleurs, dès que j'ai choisi le lieu, et fini une première ébauche sur VisuGPX, la page d'introduction du projet est écrite dans la foulée. Ce qui veut dire aussi qu'à ce jour, j'ai écrit toutes les introductions/présentations jusqu'en 2027!
J'essaie également de créer un sentier personnalisé. Je m'inspire du tracé IGN / FFR originel, puis, à partir de lectures de blogs, de revues et sites spécialisés, de conseils par des personnes qui connaissent le coin, ou en tapant le nom d'un site sur un moteur de recherche, j'essaie d'agrémenter mon parcours pour "optimiser" ma présence dans la région choisie car je sais, au fond, que je ne reviendrai pas sur mes pas.
A ceux qui ne me posent pas la question, non, il n'est pas dans mes projets de faire le GR 20, le GR 10 ou la HRP (Haute Route des Pyrénées), même s'il n'est pas exclu que j'aille ultérieurement marcher en Corse et/ou dans les Pyrénées. Les chemins de St Jacques de Compostelle ne correspondent pas non plus à ce que j'ai envie de vivre.
Le choix des sentiers s'est fait en tenant compte des impératifs saisonniers et des impératifs de temps de trajet, et, bien sûr, en fonction de l'aspect technique. Si je veux m'amuser, il ne faut pas que le tracé ne soit qu'une succession d'efforts ou de chemins techniques ou exposés. Ma tendance naturelle me pousse vers les Alpes, mais, puisque je suis ma seule limite, je laisse mon inspiration me surprendre par le choix d'autres régions. Tout comme j'ai laissé l'imagination de Stephen King m'embarquer au cœur de contrées inconnues.
Ensuite, il ne me reste plus qu'à marcher pour écrire les chapitres suivants.