Catherine Lienard
21 déc. 2024
Enfant, j'arpentais les sentiers dans la forêt vosgienne.
Plus tard, chaussant mes skis, j'ai glissé sur les douces pentes arrondies des Vosges et dévalé les pentes plus prononcées des Alpes, m'offrant du hors piste dès que je le pouvais.
L'Everest était le rêve lointain, l'inaccessible sommet.
Le Népal était le pays des soixante-huitards qui partaient vivre leur mysticisme à Katmandou.
Le Bhoutan était le pays du bouddhisme.
Le Tibet était le pays de "Tintin au Tibet".
Et je reçois un jour une publicité pour un séminaire de pleine conscience au Bhoutan. Quelques clics de souris plus tard, je découvre que le camp de base de l'Everest est en fait un trek (et non de l'alpinisme, comme je l'avais toujours cru)!
Cela fait 4 ans que j'ai arrêté de fumer, et que je commence à randonner en montagne, en montée et en descente, et que je sens mes capacités s'améliorer d'année en année.
Nous sommes en mai 2019.
Après quelques courtes hésitations, et sur le conseil de mon entourage, je décide de partir dès les premières dates possibles. Je partirai donc en novembre 2019. Quelques mois plus tard, le monde se figeait, terrifié par un virus mutant.
Je suis tout d'abord curieuse de ces nouveaux reliefs, de cette végétation luxuriante. Je peine sur les chemins, les escaliers qui n'en finissent pas, mon corps et mon souffle clairement mal entrainés, le tout sous un soleil torride. Enfant de l'est de la France, je ne connaissais pas la chaleur tropicale en plein mois de novembre.
Et puis, Namche Bazaar! 5ème jour de trek, 3400 m d'altitude.
Le sentiment d'extase, comme une épiphanie.
Je suis là où je pensais ne jamais pouvoir arriver. Désormais, l'Everest est à portée de pas.
Et le sentier continue, au milieu de ces géants que l'on croirait pouvoir toucher. Malgré la fatigue, l'émerveillement est là en permanence. Je termine ce trek avec une grosse infection pulmonaire, persuadée que c'est LE voyage de ma vie, et que je ne retournerai plus au Népal, tant j'ai cru cent fois ne jamais pouvoir arriver au bout de ce trek.
Et puis, le Covid passe par là et paralyse le monde. C'est la période durant laquelle je me sens au contraire boostée, luttant contre l'enfermement dans des poumons défaillants et contre l'enfermement imposé par la folie des hommes. Je rééduque mes poumons en montant obstinément des escaliers. Je me prépare ensuite pour mon premier trek en solo autour du Mont-Blanc.
Je découvre, le premier soir de bivouac au pied du mont Blanc, que, sur les sentiers, je suis là où je dois être. Chemin faisant, voyant ma santé et mon corps s'aguerrir, je m'élance à nouveau sur les pentes-escaliers du Népal, pour un périple magique autour du Manaslu, des Annapurnas et du Mardi Himal.
Je rencontre Pasang, mon guide, et, avec Lale, mon porteur, nous créons un lien presque intime, qui amplifie les sensations. J'ai l'impression, comme lors de mes treks en solo, de pouvoir évoluer en totale liberté, avec des improvisations, des propositions de parcours, hors du programme prévu. Et le trek en individuel permet une plus grande proximité avec la population locale.
En dehors de la pauvreté extrême de la population, je suis touchée par le sourire perpétuel que les népalais m'offrent, et par l'atmosphère mystico-religieuse, tant bouddhiste que hindouiste.
Je suis émue par le "Om Mani Padmé Hum" qui résonne en boucle dans les temples et abris de moulins à prière.
Je distribue et reçois des "Namasté" et "Tashi Delek", avec un sourire franc, les yeux emplis de bienveillance, des mini-échanges qui me réchauffent le cœur.
Et la rencontre avec Pasang, faite de confiance et respect mutuels, avec une curiosité entretenue par nos propositions respectives, a magnifié ce deuxième parcours.
Depuis, il m'est inconcevable de ne pas repartir, et nous convenons, Pasang et moi, de nous retrouver sur de nouveaux chemins. Je fais mon marché dans les propositions de NEPATREK, puis soumets mon projet à Benoît, qui m'organise mon séjour selon mes demandes et selon sa connaissance du pays.
Par contre, clairement, je suis trop occidentale et habituée à mon petit confort pour décider d'aller y vivre.