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LA COURSE AUX 3000

Catherine Lienard

15 sept. 2023

Mon itinérance de l'été 2023 m'a amenée à réviser mes prétentions performatives.


Il est beaucoup question en ce moment, de réévaluer la "course aux 8000", et d'inciter les alpinistes à explorer, défricher, gravir des sommets moins élevés. L'enjeu sportif est intact, même si le nom ou l'altitude sont moins "prestigieux" à accrocher à son palmarès. Le dernier drame au Gasherbrum IV, ainsi que sur d'autres sommets moins élevés, montre que la montagne ne se domine pas, même à coup d'hélicoptère (ce qui n'enlève rien à la performance des adeptes de la course aux 8000).


Emballée par mes treks de 2022, je m'étais fixé cette année un projet beaucoup trop ambitieux, tout au moins à mon échelle. Je m'étais dit que, juste 500 ou 600 m de dénivelé positif pour rejoindre un 3000, c'était une "simple grimpette". Grisée par la proximité des 3000 sur mon parcours, j'avais parsemé mon chemin de ces "petits sommets" qui me semblaient tellement accessibles.


Néanmoins, les intempéries sur le Vieux Chaillol, la fatigue naissante (j'avais parcouru 34 km la veille et m'étais levée à 2h du matin le jour même) ont fait que, même quand il y a eu une éclaircie, je n'ai même pas cherché à y monter. De plus, la tempête qui s'était abattue avait généré une multitude de ruisselets qui, cavalcadant joyeusement le long des pentes du Vieux Chaillol, rendaient le chemin (non balisé) plus incertain, ce qui a renforcé ma décision de rester bien confortablement au chaud dans mon duvet plutôt que me lancer dans cette grimpe.


Ce premier renoncement à un 3000 m'a fait réfléchir à cette frénésie que j'avais eu de parsemer mon parcours de tous ces "petits" sommets, 3000 et moins, comme si le circuit que j'avais tracé à l'origine n'était pas assez - long, technique, original - intéressant.


J'ai alors réalisé que je n'avais aucune obligation de me prévoir un parcours du type "préparation commando-parachutiste"! Et, surtout, j'avais perdu de vue ce que j'avais écrit avant le Tour du Mont-Blanc, au sujet de "prendre son temps".


Le circuit ainsi écrit ne donnait plus aucune marge de temps, et, me poussait vers la contrainte, et non le plaisir.


C'est ainsi que j'ai écrêté/révisé la suite de mon parcours, me gardant la possibilité de choisir si oui ou non je montais un peu plus haut.


Et j'ai pu alors retrouver le plaisir de randonner en douceur, en touriste, en légèreté. Ce que je n'ai pas accompli sur le plan sportif a été plus que largement compensé par le plaisir que j'ai pu prendre sur mon parcours (malgré la difficulté inhérente au Queyras dont je parle dans l'article du trek correspondant).


Les caprices de la météo m'ont ainsi permis de réévaluer mes propres caprices, et de me recentrer sur l'essence de mes treks: la joie enfantine de déambuler dans un environnement qui vient me surprendre et m'enchanter.

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