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Jour 11

De Phumphe Danda (1860m) à New Joroni (3280m)



La journée démarre sous le soleil, enfin.

Je profite du paysage, du ciel bleu, de la vision des sommets enneigés (le Kangchenjunga!) au loin et de ces immenses vallées, et de la Kaneli dont nous remontons le cours.

Aux murs des maisons sont attachées des ruches. Ce sont des grosses boîtes rondes en forme de tamtam.

Nous sommes restés toute la première partie de journée en fond de vallée, longeant la Kaneli.

Peu avant la dernière descente, jusque 1600 m, et une nouvelle cascade, nous croisons un groupe de trekkeurs français. Ils viennent du camp de base nord du Kangchenjunga (Pangpema). Ils ont pu traverser les hauts cols juste avant l’arrivée de la neige, mais ils n’ont pas pu aller au-delà de Tseram, leur guide ne trouvant pas son chemin dans la neige. Ils ajoutent que tout est fermé sur le chemin, qu’ils n’ont pas pu faire de pause depuis Tortang, ils ont juste croisé un berger dans sa bergerie. Ils espèrent donc que mon guide connaît bien le chemin, et qu’il sait où il m’emmène.

Après les avoir salués, j’interroge Pasang qui m’affirme qu’il n’y a pas de souci. Je suis prête à le croire, mais m’attends à devoir peut-être passer la nuit à la belle étoile.

En dehors de rares panneaux, le chemin du Kangchenjunga BC n’est tracé et indiqué qu’avec parcimonie.

Nous attaquons la remontée. Vers 2400 m, la pente s'accentue nettement, du 30% en moyenne.

Vers 2600 m, j’aperçois un homme qui nous observe depuis le haut de la pente. C'est le berger. Lorsque nous arrivons près de lui, Pasang m’explique qu’il est notre hôte, qu’il l’avait prévenu par téléphone de notre arrivée, et que sa guest house est située plus haut, à 3000 m, en dehors du chemin officiel qui est impraticable, et qu'elle ne figure pas sur les cartes.

Puis la pluie se met à tomber, ils est environ 17h, il nous reste un peu plus d'une heure (à ce que je crois) à marcher, il va bientôt faire nuit, et j’ai mes 2 népalais qui « s’envolent » sur la pente d’un pas alerte, tout en papotant, tandis que j'agonise loin derrière.

À partir de 3000 m, alors que la nuit est tombée, qu’il pleut toujours, qu’ils avancent tous les deux loin devant (je ne vois plus que la frontale de Pasang, qui se retourne de temps en temps, tel un phare dans la nuit), je commence à pester ! Je suis trempée, j’en ai plein les bottes, je commence à me refroidir, et toujours pas la moindre maison. 3100 m, 3200 m. C’est derrière me dit Pasang. Oui, derrière, juste encore 80 derniers mètres « abominables » durant lequel je continue de pester !

En fait, ma colère me permet de booster mon énergie pour avancer, en mettant de côté le froid, la fatigue, la pluie.

Enfin des lumières dans la nuit, notre hôte est arrivé avant nous, et a allumé le feu. Une fois arrivée, dans ce lieu qui n’existe pas sur les cartes, ma colère et ma fatigue disparaissent comme par magie, effacés par la chaleur réconfortante de la guest house, et un bon dal bhat bienvenu cette fois!

Pasang, qui m'a entendue pester à partir de 3000 m, me dira tout penaud qu'il est désolé de s'être trompé sur l'altitude prévue. Je lui explique que j'ai juste besoin de savoir, pour conditionner mon mental, et que pester, c'est ma façon de me stimuler!

Je n’ai plus pris de photos depuis 17h, le début de la pluie, trop occupée à avancer, puis à souffrir et pester!

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